Insertion sociale, intégration, inclusion… autant de mots qui reviennent en boucle par rapport à l’emploi et souvent pour qualifier des programmes divers et variés dont on peut parfois se demander s’il ne s’agit pas de jeux sémantiques pour proposer des actions similaires. Peut-être. Peut-être pas. Il est intéressant de se pencher sur le sens de ces mots, notamment pour situer le rôle, le sens et l’action d’une Coopérative d’Activité et d’Emploi (CAE).
Le terme qui chapeaute l’ensemble est celui de l’insertion. L’insertion est un objectif idéal et perpétuel, elle se conjugue d’ailleurs de différentes manières : on parle d’insertion sociale, professionnelle et même scolaire ; et, précisément, l’insertion professionnelle, qui nous intéresse ici, regroupe la notion d’intégration professionnelle et d’inclusion professionnelle. C’est donc grâce à l’intégration ou à l’inclusion qu’un salarié sera inséré dans l’entreprise. Mais intégration et inclusion n’ont pas le même sens. Ainsi, face au monde professionnel si complexe et parfois rude, l’insertion peut se réaliser par deux approches :
- L’intégration est un processus qui implique le travailleur vers l’entreprise. C’est à celui-ci de comprendre son environnement, sa culture et de de s’adapter aux conditions de travail pour développer ses compétences et répondre aux objectifs de l’entreprise.
- Pour ce qui relève de l’inclusion, c’est l’entreprise s’emploie à adapter son fonctionnement et les différents postes des salariés, afin qu’ils se complètent au mieux, s’accordent, prennent leur place et, au final, aient les conditions de travail s les plus optimales possibles.
L’insertion professionnelle va ainsi dépendre de ces deux notions.
La thématique de l’inclusion est très présente actuellement dans notre société. On parle beaucoup d’inclusion scolaire des enfants à Besoins éducatifs spécialisés. Ils doivent suivre une scolarité dans le milieu scolaire ordinaire pour ne pas être en décalage.
Mais il ne faut pas oublier que l’inclusion n’est qu’UN des moyens pour arriver à l’insertion. Dans le milieu du travail, l’inclusion fonctionne au mieux dès lors que le processus d’intégration personnel est réellement enclenché.
Ceci est un message important qui rappelle de manière conséquente l’importance de la réciprocité, du donnant / donnant. L’insertion perçue par le seul prisme du devoir d’inclusion est déresponsabilisante et renforce du même fait des attentes face à un dû au lieu de rendre acteur.
Au sein d’une coopérative d’activité et d’emploi, le projet d’insertion professionnelle repose vraiment sur les deux processus, puisque les travailleurs au sein de la coopérative sont à la fois entrepreneurs, salariés et associés de leur entreprise grâce au contrat CESA (D’autres articles sur ce site vous expliquent comment ce mélange fabuleux est possible) :
- L’entrepreneur conduit son projet : une perspective qu’il porte et qu’il développe avec sa mobilisation de création, de construction, de prises de contact, de marketing… Il est dans une démarche autonome et responsable.
- Le salarié, devient par définition, dans ce contexte, un coopérateur et sera amené à suivre son processus d’intégration à commencer par la compréhension des règles de fonctionnement, de comptabilité, d’organisation ; il sera aussi invité à travailler avec d’autres collègues qui œuvrent dans des domaines complémentaires ou similaires (c’est le cas chez Pollen pour les entrepreneurs du bâtiment, de la formation ou de l’alimentaire).
- L’associé, puisque tous les entrepreneurs-salariés sont amenés à devenir associés, épouse la réalité de l’entreprise, dans sa dimension stratégique, financière et législative. Et en ce sens, il est aussi en responsabilité, par son vote (une personne = une voix) pour poser des questions, proposer des solutions pour que l’entreprise demeure viable, efficiente… et concourir au fait qu’elle s’adapte aux réalités d’un environnement professionnel en perpétuelle mutation et développe son devoir d’inclusion professionnelle.
C’est ce rôle que joue Pollen, modestement mais de manière récurrente sur un territoire ardéchois, souvent délicat en termes d’emploi. Dans nos statistiques, 75% de nos entrepreneurs étaient demandeurs d’emploi ou bénéficiaires de minima sociaux, au moment de leur intégration (15% étaient déjà entrepreneurs et 5 % salariés).
Et si l’insertion a davantage de chance de fonctionner, c’est bien parce qu’à chaque instant, l’effort d’intégration se conjugue avec celui de l’inclusion, et au travers de réflexions partagées. C’est tout le sens de l’entrepreneuriat et du rôle fondamental du lien social dans le travail.