Face au développement spectaculaire du travail précaire et de l’exclusion sociale et professionnelle, face à l’inadaptation des modèles classiques de création d’entreprise, les CAE apparaissent comme un outil pour permettre à des femmes et à des hommes de créer leur propre activité en bénéficiant d’un emploi salarié, de vivre de leur savoir-faire de façon autonome, mais aussi de participer à une entreprise coopérative partagée avec d’autres entrepreneurs ayant des compétences et des projets très divers, parfois proches, complémentaires ou au contraire très différents.
L’idée de départ
Coopératives d’activités et d’emploi, coopératives d’activités, coopératives d’entrepreneurs, plusieurs termes sont utilisés pour désigner cette entreprise particulière qui part de l’intention suivante : permettre à des femmes et à des hommes de créer leur propre activité en ayant le choix de l’emploi salarié ou de la création indépendante après une période de test, au sein d’une entreprise coopérative, où elles partagent ressources, moyens et projets avec d’autres personnes entrepreneur(e)s.
Sur cette idée de base, chaque « CAE » va ensuite décliner ses propres choix stratégiques, en fonction du territoire où elle se trouve et en fonction des personnes qui la composent.
Le concept CAE se décline en trois dimensions :
- La CAE permet à la personne de tester ou d’initier une activité puis de la pérenniser, dans une dynamique de développement collectif et solidaire, avec l’utilisation de divers outils dont le CAPE (contrat d’appui au projet d’entreprise), ce qui sous-tend le terme de « coopérative d’activités ».
- La deuxième dimension fait référence à l’objectif de création d’emplois et leur mise en commun de façon durable. Les personnes ont en effet un statut de salarié en CDI.
- Une troisième dimension existe, se développe ou s’affirme de manière plus ou moins forte selon les CAE. C’est une autre façon d’entreprendre collectivement que la « coopérative d’entrepreneurs » propose à ses membres. Au-delà de la propre activité de chacune et chacun, elle est, de manière plus prononcée un engagement dans la vie démocratique de la coopérative et dans la prise de responsabilités.
Les missions d’une CAE
Trois missions clefs peuvent être identifiées :
Accompagner les entrepreneurs
Après les premiers contacts, réunion d’information, rendez-vous personnalisés pour une première validation du projet, la CAE et le porteur de projet signent une convention d’accompagnement, un CAPE (voir ci-dessous) ou un contrat salarié. Celui-ci permet à la personne qui démarre, pour un temps donné, de conserver, sous certaines conditions, son statut d’origine et continuer à percevoir les allocations qui s’y rattachent. Dans cette étape, les CAE utilisent le plus souvent un outil spécifique, le CAPE (Contrat d’appui au projet d’entreprise), qui peut durer jusqu’à deux à trois années (la période effective est le plus souvent de l’ordre d’un an).
Ce contrat permet à la personne de vérifier la faisabilité de son projet, de tester ou de lancer son activité et surtout, de commencer à prospecter, à produire et à vendre en utilisant le n° SIRET et le code NAF de la CAE.
La CAE joue dans cette étape un rôle particulier de formation et d’accompagnement de l’entrepreneur dans ses premiers pas, dans ses choix stratégiques, dans son positionnement, dans l’analyse économique et financière de son activité.
Proposer le statut d’entrepreneur-salarié
Dès que les affaires se développent et permettent à la personne de dégager un certain revenu, la CAE lui propose le « statut » d’entrepreneur-salarié. Elle est alors embauchée en CDI, sur un volume horaire et un montant de salaire, négociés dans le cadre de l’accompagnement, au regard du niveau de l’activité. Volume et montant horaires évolueront au fil du temps, en fonction du développement de l’activité.
Quelque soit son expérience et son histoire dans la coopérative, chaque entrepreneur continue de bénéficier d’un accompagnement personnalisé, individuel et collectif, sur l’analyse de son activité, sa stratégie commerciale, le suivi du carnet de commandes, la redéfinition éventuelle de sa stratégie, la détermination des objectifs…
Susciter l’accès au sociétariat
L’entrepreneur dont l’activité a atteint un régime de croisière et qui souhaite faire durablement de la coopérative le cadre d’exercice de son activité professionnelle peut en devenir sociétaire. La CAE est en effet une Société coopérative et participative (SCOP), régie par le principe « une personne, une voix ». L’accès au sociétariat est l’aboutissement naturel (et choisi) d’une démarche progressive d’appropriation de l’entreprise, qui traduit, au delà de la gestion de sa propre activité, le souhait de participer au fonctionnement de la CAE et à son développement.
De nombreuses CAE sensibilisent leurs entrepreneurs de manière accrue à l’accès au sociétariat et affirment une volonté forte d’intégration des entrepreneurs salariés en tant qu’associés. D’autres ont même statutairement rendu la demande de sociétariat obligatoire après un délai en contrat de travail allant de 18 mois à 3 ans.
Chacune et chacun peut aussi à tout moment faire librement le choix de sortir de la coopérative et de créer, par exemple, sa propre structure.
Depuis 20 ans, Pollen a accueilli, en Ardèche, plus de 500 porteurs de projets ! Certains ont testé et développé leur activité au point de créer leur propre société. D’autres ont testé et réalisé la fragilité de leur modèle économique. Beaucoup ont été séduits par ce modèle économique solidaire et ont fait le choix de poursuivre leur développement au sein de la coopérative et de s’y impliquer. Depuis peu, avec le temps, des entrepreneurs s’arrêtent aussi pour bénéficier… de leur retraite !
(Fiche CAE avise.org)