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L’informatique, un retour au médiéval ? Les illectroniques n’auront-ils plus accès à la connaissance ?

L’ère du numérique vient bouleverser l’organisation de notre société et prend une place de plus en plus conséquente. Cette numérisation laisse une bonne partie de la population en retrait. On parle aujourd’hui d’illectronisme, c’est le terme désormais utilisé pour désigner l’illettrisme numérique, soit la difficulté à utiliser internet tous les jours.
Or, ce phénomène touche… un quart de la population française (une personne sur 4), dont un tiers finit par renoncer complètement à se connecter, que ces personnes soient jeunes ou d’un certain âge.

En toute logique, notre coopérative Pollen,avec ses porteurs de projet,connaît également des personnes illectroniques. Pour certains, la difficulté commence avec l’envoi du mail pendant que d’autres sont impressionnés et perdus par la complexitédu Web. Des outils universels comme un traitement de texte ou un tableur sont vécus comme des moyens plus complexes qu’aidant. Certaines résistances répondent à la crainte d’être tracés par le numérique.
Et pendant ce temps, le numérique poursuit son déploiement. Au point que des utilisateurs peuvent se faire rattraper par la nouveauté et devenir à leur tour illectronique !

Cette réalité un réel handicap dans le monde du travail : comment postuler sans savoir imprimer un CV ! Comment gérer son activité sans la dextérité autour du mail ?…

Une fracture numérique a commencé à apparaître ces dernières années et se colle à la fracture sociale déjà existante. Les décrocheurs scolaires deviennent pour la plupart des illettrés 3.0. Il y a aussi 500 000 personnes qui ne possèdent pas d’accès à internet dans leur foyer. Ces personnes se retrouvent alors en grande difficulté, et cette situation risque de s’aggraver avec le projet de « dématérialisation de l’administration » du Gouvernement français prévu pour 2022.Dès aujourd’hui, nous devons nous connecter à internet pour payer ses impôts, vendre et acheter un véhicule, télécharger et imprimer une attestation de déplacement dérogatoire durant la période de crise du Coronavirus, voir le solde des points sur son permis de conduire, etc.

Du coup, une autre question fait surface : l’égalité des droits. Une personne à l’aise avec le numérique et un illectronique ont-ils accès aux mêmes droits ? Pas sûr…

Pour lutter contre cet illectronisme, l’Etat français met en place un programme complet avec des formations pour les usagers dans le besoin. L’objectif est de former 1.5 millions de personnes par an, dans un programme de formation de 10 à 20 heures proposé par Pôle Emploi, la caisse d’allocation familiale, l’assurance maladie, les villes, les agglomérations et les départements.

Certains pays ont choisi des stratégies impressionnantes : la Finlande a suspendu, pour ses élèves, l’apprentissage manuscrit ! Depuis la rentrée 2016, tous les élèves sont équipés d’un clavier et l’écriture manuscrite, pour ceux qui le souhaitent,est devenue une option.
Il existe aussi un mouvement de retour en arrière aux États-Unis d’Amérique, en Louisiane, où les élèves ont effectué un cheminement totalement inversé par rapport à la Finlande, en réinstaurant une pédagogie fondée sur l’écriture manuscrite, notamment parce que, selon des neuro pédagogues, l’écriture manuscrite renforce la mobilisation du cerveau au point de faciliter l’attention, la mémorisation et l’ensemble des performances cognitives.

Difficile de faire le choix du tout ou rien… Dans un sens ou dans l’autre ! Néanmoins l’illectronisme peut réellement devenir handicapant et, pire, créer de véritables écarts sociaux !L’opportunité de combler une carence n’est peut-être pas totalement dénue de sens, d’autant qu’elle n’empêche pas de garder le bon (sens) !

SE FORMER CONTRE L’ILLECTRONISME

Publier le mardi 21 avril 2020 par Eole Planchez.